Poterie ou céramique ?
Voici une question que l’on me pose très souvent : quelle est la différence entre poterie et céramique ? Je me propose d’y répondre.
Point commun : la matière.
Ces deux termes ont un point commun : définir des objets réalisés avec de l’argile.
L’argile est le fruit de transformations géologiques, notamment de l’érosion. C’est une roche sédimentaire constituée de silice, un matériau plastique que l’épreuve du feu rend inaltérable. Il faut qu’il y ait cuisson pour que nous parlions de poterie ou de céramique.
“ L’argile est un matériau courant. Elle est abondante, bon marché ; on l’extrait et on la prépare facilement.” commence ainsi l’ouvrage “Terres et glaçures” de Daniel Rhodes. On y apprend par la suite, que l’argile est également capricieuse et que sa valeur lui est conférée par l’action du potier (1).
L’action du potier : la transformation.
Le/la potier.ère est un artisan d’art, dont les gestes transforment la matière première argileuse en différents objets, usuels et/ou décoratifs.
Les propriétés plastiques de l’argile permettent de lui donner toutes les formes, dès qu’elle est associée à la bonne quantité d’eau. Tant que l’argile n’a pas connu le feu, elle peut se transformer à nouveau. Mais dès la première cuisson elle est comme la pierre, dure et inaltérable.
Dans l’atelier de l’artisan, on trouve principalement deux familles d’argile :
- Les basses températures : terres cuites, terres vernissées, faïences sont des céramiques poreuses.
- Les hautes températures : grès, porcelaine, terres réfractaires sont des céramiques vitrifiées (2).
Le terme de poterie est attribué premièrement aux pots, aux contenants, à la vaisselle en somme (3). Aujourd’hui, ce terme englobe tout objet usuel réalisé à base d’argile et ayant connu la transformation par le feu.
Tasse, bol, assiette, pichet, théière, vase, plat, pot de fleurs, cache pot, jardinière, tasse et sous-tasse, cuillère etc…
Le terme céramique est issu du grec ancien “keramos” qui signifie argile. Céramique “désigne l’ensemble des objets fabriqués en terre qui ont subi une transformation physico-chimique irréversible au cours d’une cuisson à température plus ou moins élevée” (4).
Le mot céramique est un terme générique. Il englobe la poterie, la sculpture, les carrelages, les dents en porcelaine, les sanitaires, les tuiles, les lamelles pour fusées spatiales…. (2).
Depuis quand y-a-t-il transformation ?
“La poterie offre un excellent exemple parce qu’une croyance répandue veut qu’il n’y ait rien de plus simple que de creuser une motte d’argile et de la durcir au feu. Qu’on essaye.” nous interpelle Lévis-Strauss (5). Nos ancêtres du néolithique ont dû agréger leurs expériences afin d'obtenir des récipients sans fissures, craquelures et usuels.
Par ce statut de premier art du feu, la céramique est un témoin culturel privilégié de l’histoire de l’homme, car on la retrouve sur les cinq continents et ceci depuis à peu près 6 000 ans avant notre ère.
Notes :
- Daniel Rhodes, “Terres et glaçures”, éd. Dessain et Tolra / VUEF, 2003. p9.
- Bernadette Lhôte, Leçons de céramiques, éd. la revue de la céramique et du verre. p130.
- “Toute vaisselle de terre.” siq Le littré, éd 1872-1877.
- https://www.sevresciteceramique.fr/musee/qu-est-ce-que-la-ceramique.html
- Claude Lévi-Strauss, “Race et histoire” éd. Folios essais, 2018, p58